Pendant longtemps, la DeFi a été dominée par des modèles de récompenses inflationnistes. Les protocoles créaient leur propre token pour rémunérer les utilisateurs, parfois à des taux vertigineux. Mais cette stratégie s’est révélée peu soutenable. Elle reposait souvent sur une dilution constante de la valeur du token natif, sans véritable génération de valeur économique. Le real yield marque une rupture avec cette approche.
Une nouvelle approche plus durable
Le real yield repose sur une idée simple : les rendements distribués aux utilisateurs doivent provenir de revenus réels générés par le protocole, et non de l’émission de nouveaux tokens. Concrètement, cela signifie que les utilisateurs touchent une partie des frais prélevés sur les transactions, les emprunts, les échanges ou autres activités génératrices de revenus au sein du protocole.
Ce modèle favorise la soutenabilité à long terme, car il s’appuie sur une activité économique réelle. Il attire également un profil d’investisseurs plus institutionnels ou prudents, qui cherchent une exposition à la DeFi sans subir la volatilité des tokens hyperinflationnistes.
Comment calculer un real yield ?

Estimer le real yield d’un projet DeFi repose sur une formule simple :
Real Yield = (Revenus générés / Valeur totale bloquée) x 100
Par exemple, si un protocole génère 1 million de dollars de revenus annuels et que sa TVL (Total Value Locked) est de 100 millions de dollars, son real yield sera de 1 %. Ce taux peut ensuite être comparé à d’autres opportunités dans l’écosystème pour évaluer l’efficacité économique du protocole.
Ce calcul ne tient pas compte des variations de prix du token, ni des incitations temporaires. Il s’agit donc d’un indicateur plus fiable de la rentabilité intrinsèque d’un protocole.
Qui propose du real yield aujourd’hui ?

Plusieurs protocoles se sont engagés dans cette voie. GMX, par exemple, redistribue les frais de trading à ses stakers. EigenLayer se positionne aussi dans cette logique avec la redistribution des revenus générés par les services sécurisés. Uniswap, avec ses frais de swap, est parfois considéré comme un modèle de real yield, même si la gouvernance ne les redistribue pas encore systématiquement.
On observe aussi un retour à des primitives DeFi comme Aave, ou Compound qui permettent de percevoir des rendements d’emprunt réels, décorrélés d’un token de récompense.
Pourquoi c’est important
Le real yield participe à une maturation de la DeFi. Il témoigne d’un passage d’une logique purement spéculative à une recherche de modèles économiques viables. En ce sens, il peut aussi renforcer la crédibilité du secteur auprès d’acteurs institutionnels ou plus conservateurs.
Alors que les régulateurs et les investisseurs scrutent davantage la rentabilité réelle des protocoles, ceux qui parviennent à générer des revenus durables seront les mieux positionnés pour s’imposer à long terme. Le real yield n’est pas seulement un effet de mode : il pourrait bien devenir le socle d’une finance décentralisée plus résiliente.
Sources :