Le 20 octobre 2025 au matin, une défaillance majeure d’Amazon Web Services (AWS) a provoqué une paralysie sans précédent d’Internet. Des milliers d’applications et services ont été rendus inaccessibles simultanément, de Fortnite à Coinbase, de Snapchat aux systèmes bancaires, en passant par Perplexity et les services d’Amazon eux-mêmes.
La région US-EAST-1 en Virginie du Nord, véritable capitale mondiale des data centers, a connu des taux d’erreur massifs, affectant des millions d’utilisateurs à travers la planète. Cette panne illustre parfaitement le paradoxe d’Internet moderne. Un réseau conçu initialement pour être résilient et décentralisé s’est transformé en un écosystème fragile dominé par quelques géants technologiques. Cette défaillance peut mettre à l’arrêt une part considérable de l’économie numérique mondiale.
Centralisation : talon d'Achille de l'infrastructure Internet

L’incident AWS révèle une réalité alarmante sur l’architecture actuelle d’Internet. Amazon Web Services représente environ 32 % du marché mondial du cloud computing, hébergeant l’infrastructure de dizaines de milliers d’entreprises. Cette concentration crée mécaniquement un point de défaillance unique catastrophique. Lorsqu’un problème technique survient dans un seul data center d’AWS, des plateformes comme les services financiers et même les sites gouvernementaux tombent simultanément. Les entreprises qui dépendent d’AWS n’ont aucun contrôle sur ces pannes et ne peuvent qu’attendre passivement qu’Amazon résolve le problème. Elles peuvent perdre parfois des millions de dollars de revenus par heure d’indisponibilité.
L'architecture décentralisée du Web3 comme antidote
Le Web3 propose une alternative radicalement différente fondée sur la décentralisation de l’infrastructure. Au lieu de concentrer les données et les services sur quelques serveurs centralisés appartenant à une seule entreprise, les solutions Web3 distribuent l’information à travers un réseau de milliers de nœuds indépendants répartis géographiquement.
Des protocoles comme IPFS permettent de stocker des fichiers de manière décentralisée. Chaque morceau de données est répliqué sur plusieurs nœuds du réseau. Si un nœud tombe en panne, les données restent accessibles via d’autres nœuds. Filecoin complète cette approche en ajoutant une couche d’incitation économique via la blockchain, garantissant que les fournisseurs de stockage maintiennent les données disponibles en permanence sous peine de pénalités financières.
Les avantages concrets d'une infrastructure sans point de défaillance unique
La résilience inhérente aux systèmes décentralisés élimine par conception les pannes massives observées avec AWS. Lorsqu’une application fonctionne sur une infrastructure Web3, elle ne dépend pas d’un seul fournisseur mais d’un réseau distribué où la défaillance de plusieurs nœuds n’affecte pas la disponibilité globale du service. La blockchain Bitcoin, par exemple, n’a jamais connu de panne complète depuis son lancement en 2009. Malgré des tentatives de piratage répétées, précisément parce qu’aucun point central ne peut être attaqué pour compromettre l’ensemble du réseau. Cette architecture garantit également une résistance à la censure. Pourquoi ? Aucune autorité centrale ne peut décider arbitrairement de couper l’accès à un service…
Les défis de transition et la maturité progressive de l'écosystème

Malgré ses avantages théoriques indéniables, le Web3 fait face à des défis pratiques significatifs qui expliquent pourquoi l’adoption massive n’a pas encore eu lieu. Les plateformes décentralisées souffrent encore de limitations en termes de vitesse et de coûts. Notamment sur des blockchains comme Ethereum où les frais de transaction peuvent exploser lors de périodes de forte activité. L’expérience utilisateur reste également plus complexe que sur les services Web2 traditionnels, obligeant les utilisateurs à gérer des clés et des wallets. Cependant, l’écosystème mature rapidement avec des solutions comme les Layer 2. Ces dernières améliorent la scalabilité, et des interfaces simplifiées qui rendent les applications Web3 aussi accessibles que leurs équivalents centralisés. Des plateformes comme Spheron ou AIOZ Network proposent déjà des alternatives viables à AWS pour le stockage et le calcul décentralisés.
Vers un Internet hybride
L’avenir ne réside probablement pas dans un remplacement brutal d’AWS par des solutions exclusivement décentralisées, mais plutôt dans l’émergence d’une architecture hybride. Les applications critiques nécessitant une disponibilité maximale pourraient fonctionner sur des infrastructures Web3 distribuées. D’un autre côté, les services moins sensibles continueraient d’utiliser le cloud centralisé pour bénéficier de sa simplicité et de ses performances. Certains projets DeFi comme Uniswap combinent déjà des smart contracts décentralisés sur blockchain avec des interfaces hébergées de manière traditionnelle pour optimiser l’expérience utilisateur. Cette coexistence pragmatique permettrait de bénéficier du meilleur des deux mondes : la résilience et l’incensurabilité du Web3, associées à la simplicité et la vitesse du cloud centralisé là où la décentralisation n’est pas critique.
La panne AWS du 20 octobre 2025 ne restera probablement pas dans les mémoires comme un moment charnière. Néanmoins, cela révèle l’urgence de repenser l’infrastructure d’Internet. Le Web3 n’est plus une utopie théorique mais une nécessité pratique pour construire un Internet véritablement résilient. La défaillance d’une seule entreprise ne peut plus paralyser simultanément des milliers de services essentiels à l’économie numérique mondiale.