Mise en contexte
La Banque centrale tchèque (CNB) a franchi une étape en devenant la première banque centrale européenne à investir officiellement dans Bitcoin. La CNB a créé un portefeuille test de 1 million de dollars. Ce dernier comtient principalement du Bitcoin, accompagné d’un stablecoin indexé sur le dollar américain et d’un dépôt tokenisé sur blockchain. Cette décision audacieuse représente 0,0006% des actifs totaux de la banque, qui gère environ 140 milliards d’euros de réserves internationales. Le gouverneur Aleš Michl a porté ce projet depuis janvier 2025. Initialement pour tester Bitcoin comme outil de diversification décentralisé des réserves nationales. Les discussions internes ont progressivement élargi le champ pour inclure l’avenir des paiements et la tokenisation des actifs.
L’objectif affiché est d’acquérir une expérience pratique de la détention d’actifs numériques et de tester les processus nécessaires à leur gestion opérationnelle. La CNB a également lancé le CNB Lab Innovation Hub pour explorer plus largement l’intégration de la blockchain et des technologies fintech dans ses opérations. Ce projet pilote modeste sera évalué sur deux à trois ans. Pendant cette période, aucune augmentation du portefeuille n’est prévue. Les variations de valeur et de composition résulteront uniquement des mouvements de marché du Bitcoin et de petits trades test effectués par les équipes de gestion des réserves et des risques.
Un pied de nez (assumée) à la BCE
Cette initiative intervient dans un contexte particulièrement tendu avec la Banque centrale européenne. En janvier 2025, Christine Lagarde avait déclaré avec assurance qu’elle était « confiante que le bitcoin n’entrera pas dans les réserves d’aucune banque centrale de l’UE. » Dix mois plus tard, la République tchèque prouve le contraire. Aleš Michl a justifié sa position en affirmant qu’il faut « étudier » sérieusement Bitcoin plutôt que d’en avoir « peur ». Les calculs internes de la CNB montrent que si la banque avait détenu 5% de ses réserves en Bitcoin au cours des dix dernières années, le rendement annuel attendu aurait été supérieur de 3,5 points de pourcentage, bien que la volatilité du portefeuille aurait approximativement doublé.
Michl a initialement envisagé d’allouer jusqu’à 5% des 140 milliards d’euros de réserves, soit 7 milliards d’euros, à Bitcoin. Il avait même noté qu’une telle allocation « représente beaucoup d’argent, même pour le marché du Bitcoin » et pourrait influencer les prix des ETF Bitcoin. La CNB se distingue déjà parmi les banques centrales en détenant 22% de son portefeuille en actions. De plus, Michl vise à augmenter la part des actions américaines de 30% à 50% d’ici trois ans. Cette ouverture aux actifs non traditionnels reflète une philosophie de gestion plus agressive que ses pairs européens. La décision tchèque pourrait ouvrir la voie à une adoption plus large par d’autres institutions financières traditionnelles en Europe. Même si des pays comme la France maintiennent une posture strictement régulatrice envers les cryptos.
En bref
La création de ce portefeuille test marque un tournant symbolique dans l’acceptation institutionnelle de Bitcoin en Europe. Alors que la BCE et la plupart des grandes économies européennes restent réticentes, la République tchèque adopte une approche pragmatique et expérimentale. Si les résultats de cette phase pilote s’avèrent positifs d’ici deux à trois ans, la CNB pourrait augmenter substantiellement ses allocations crypto. Validant ainsi Bitcoin comme outil légitime de diversification des réserves nationales.
Cette initiative pourrait également inspirer d’autres petites économies européennes cherchant des alternatives aux réserves traditionnelles en devises et en or. L’histoire retiendra peut-être 2025 comme l’année où une banque centrale européenne a osé défier le consensus établi pour explorer l’avenir de la finance décentralisée.
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