Le monde du Web3 gaming vient d’être secoué par une annonce majeure : DOGAMI est en vente. Cependant, au-delà de cette simple transaction, des révélations troublantes émergent. Des difficultés financières et des pratiques questionnables ont mené à cette situation critique.
(Les éléments que nous utilisons proviennent, en partie, d’une de nos enquêtes réalisée en avril 2024).
DOGAMI : De l'essor à la recherche d'un repreneur

La recherche d’un repreneur prend une dimension particulièrement préoccupante à la lumière des révélations récentes. Le token DOGA a chuté de 99,72% depuis son lancement, transformant ce qui devait être une success story en un cas d’école des dérives du Web3.
Une levée de fonds prometteuse devenue problématique
Avec une levée de fonds de 14 millions d’euros et le soutien d’investisseurs prestigieux comme Ubisoft, Animoca Brands, et Sebastien Borget de The Sandbox, DOGAMI avait tous les atouts pour réussir. Ces investissements privés ont été réalisés sur la base d’une valorisation de 26 millions de dollars, à un prix de 0,026 $ par jeton.
Néanmoins, des questions légitimes se posent désormais sur l’utilisation de ces fonds, notamment au regard de la situation financière actuelle qui contraint l’entreprise à mettre ses actifs en vente.
Révélations sur les pratiques financières troublantes

Pratiques de marché
Premièrement, le listing du jeton DOGAMÍ sur Bitpanda a suscité des questions. En effet, après trois semaines de volume d’échange relativement faible, le prix a connu une hausse significative de 163%, suivie d’une augmentation spectaculaire de 304% le jour même du listing.
Ces variations de prix pourraient indiquer que certaines parties étaient mieux informées que d’autres.
Liquidité artificielle
Deuxièmement, l’analyse on-chain révélait une situation encore plus préoccupante.
La majorité du volume, estimé à 30 000 $ par jour, provenait de market makers sur les échangeurs centralisés, suggérant une forte proportion de volume artificiel. Cette pratique visait probablement à maintenir une apparence de liquidité pour satisfaire les critères des plateformes d’échange.
Des investisseurs privés gagnants, des petits porteurs perdants
Troisièmement, la structure de vesting révèle, aussi, un déséquilibre flagrant.
Les investisseurs privés, ayant acquis leurs jetons à 0,026 $ lors des tours d’investissement privés, ont eu l’opportunité de vendre leurs actifs à un prix variant entre 0,07 $ et 0,55 $ lors du listing public. Cette situation a permis des plus-values de 169% à 2015% pour les investisseurs privilégiés, pendant que les petits porteurs subissaient des pertes massives.
L'effondrement de l'écosystème DOGAMI

Chute dramatique des NFT
Les NFT DOGAMI, initialement proposés à 880$, se négocient aujourd’hui aux alentours de 10$, affichant une diminution d’environ 98,86% depuis leur lancement. Cette chute illustre l’effondrement généralisé de l’écosystème.
Une liquidité alarmante
Comme le soulignait notre analyse précédente, DOGAMI présentait des niveaux de liquidité relativement limités. Sur les DEX, environ 40 000 $ en USDT étaient disponibles sur Polygon, tandis que sur MEXC, les carnets d’ordres affichaient environ 4 000 $ à l’achat contre 70 000 $ à la vente.
Dans ces conditions, il pouvait être difficile pour certains détenteurs du token d’effectuer des sorties importantes sans impact sur le prix.
À l’heure actuelle où cet article est écrit, les niveaux de liquidité semblent encore plus bas (voir photo DOGAMI markets)…
DOGAMI est en vente : Une issue de secours ?

Ce qui est réellement en vente
Dans ce contexte incertain, l’annonce de la mise en vente de DOGAMI semble davantage s’inscrire dans une logique de redéploiement ou de transition que dans une démarche purement stratégique. Elle pourrait refléter la volonté de faire face à des contraintes financières importantes, tout en cherchant un repreneur capable de relancer le projet.
La vente inclut notamment l’entité juridique suisse, les droits sur la marque déposée, les noms de domaine, les comptes sur les réseaux sociaux, ainsi que les tokens listés sur Gate.io et MEXC, avec les niveaux de liquidité qui y sont associés.
Implications pour l'industrie Web3

Cette situation illustre parfaitement les dérives du secteur Web3 gaming…
Un modèle économique défaillant
Le cas DOGAMI illustre les limites d’un modèle économique souvent rencontré dans l’écosystème Web3. Une levée de fonds réussie ne garantit pas la création de valeur durable pour les utilisateurs finaux.
Malgré un soutien initial d’investisseurs et des ambitions affirmées, le projet semble avoir peiné à transformer cet apport financier en produits ou services répondant aux attentes de sa communauté.
La dynamique observée met en lumière un déséquilibre structurel. Cela interroge sur la soutenabilité de certains modèles Web3 centrés davantage sur le financement initial que sur la pérennité de l’écosystème ou la fidélisation des utilisateurs.
La nécessité d'une régulation
Plusieurs aspects récents soulignent l’importance de renforcer la protection des petits investisseurs dans l’écosystème Web3. Aujourd’hui, la régulation évolue pour répondre à ce besoin croissant, en privilégiant la transparence, la responsabilité des acteurs et des garde-fous adaptés.
Conclusion : Un avertissement pour l'industrie

La mise en vente de DOGAMI attire l’attention sur certains défis de l’industrie Web3. Cette situation montre comment des projets en apparence solides peuvent cacher des faiblesses structurelles et des modèles économiques à revoir.
L’histoire de DOGAMÍ sert de rappel prudent pour les investisseurs, illustrant la nécessité d’une due diligence approfondie et d’une régulation plus stricte du secteur.
Pour l’industrie Web3, cette débâcle rappelle l’importance de :
- Prioriser l’expérience utilisateur sur la spéculation
- Assurer la transparence dans les opérations financières
- Protéger les petits investisseurs contre les pratiques abusives
- Construire des modèles économiques durables plutôt que spéculatifs
Ce début de fin malheureux pour DOGAMI marquera-t-il un tournant vers une plus grande responsabilité dans le domaine du Web3 gaming, ou ne sera-t-il qu’un épisode supplémentaire dans une industrie en quête de légitimité ?