L’annonce du Bhoutan de migrer son système d’identité numérique nationale vers la blockchain Ethereum marque un tournant historique. La cérémonie de lancement, qui s’est tenue le 13 octobre 2025 en présence de Vitalik Buterin et du Premier ministre bhoutanais, symbolise l’entrée concrète des gouvernements dans l’ère Web3.
Cette migration depuis Polygon vers Ethereum témoigne d’une stratégie mûrement réfléchie, où la sécurité et la décentralisation priment sur les considérations techniques traditionnelles.
Une révolution de la souveraineté numérique
Le système d’identité numérique nationale (NDI) du Bhoutan illustre parfaitement le concept d’identité auto-souveraine appliqué à l’échelle d’une nation. Contrairement aux systèmes centralisés traditionnels où les données citoyennes sont stockées sur des serveurs gouvernementaux vulnérables, la blockchain Ethereum garantit une immutabilité et une transparence inégalées.

Les citoyens bhoutanais peuvent désormais prouver leur identité, leur nationalité ou leur âge sans révéler d’autres informations personnelles grâce aux preuves à divulgation nulle. Cette approche redéfinit fondamentalement le rapport entre l’État et ses administrés, transformant les citoyens de simples bénéficiaires de services en véritables propriétaires de leurs données
Une prouesse technique au service de la vie privée
L’innovation technique déployée par le Bhoutan dépasse largement le simple stockage de données sur blockchain. Le système utilise des preuves cryptographiques qui permettent de vérifier l’authenticité d’informations sans exposer les données personnelles elles-mêmes. Seules les empreintes et certificats vérifiables sont publiés sur le registre public d’Ethereum. Alors que les informations sensibles restent protégées hors chaîne.

Cette architecture hybride résout l’équation complexe entre transparence nécessaire à la vérification et confidentialité indispensable à la protection des citoyens. La migration complète, prévue pour le premier trimestre 2026, s’appuie sur plus de deux ans d’expérimentation progressive (Hyperledger Indy puis Polygon).
Un modèle d'inclusion financière et numérique
Au-delà de l’aspect technologique, cette initiative bhoutanaise répond à des enjeux d’inclusion majeurs que de nombreux pays en développement partagent. Le système NDI sur Ethereum permettra aux citoyens d’accéder à des services financiers décentralisés. Cela, sans passer par les institutions bancaires traditionnelles souvent insuffisantes dans les zones rurales.
Cette infrastructure ouvre également la voie à une interopérabilité internationale. Les identités numériques bhoutanaises pourraient être reconnues et vérifiées partout dans le monde. L’approche progressive du gouvernement contraste avec les migrations technologiques souvent brutales observées ailleurs.
Les implications géopolitiques d'un choix audacieux
La décision du Bhoutan de s’appuyer sur Ethereum plutôt que sur une blockchain souveraine révèle une philosophie géopolitique particulière. En choisissant une infrastructure publique et décentralisée, le royaume affirme sa confiance dans les protocoles ouverts face aux solutions propriétaires des grandes puissances technologiques. Cette stratégie s’inscrit dans une vision plus large. Le Bhoutan, déjà pionnier dans le mining Bitcoin hydroélectrique et détenteur de plus de 11 000 BTC, se positionne comme un laboratoire d’innovation blockchain. L’initiative inspire désormais d’autres nations en développement. Ces derniers y voient une alternative crédible aux systèmes d’identité numérique centralisés imposés par les géants technologiques occidentaux ou asiatiques.
La migration du système d’identité numérique bhoutanais vers Ethereum transcende largement le cadre technique pour devenir un symbole de souveraineté numérique alternative. Ce petit royaume prouve qu’innovation technologique et valeurs humaines peuvent converger. Ouvrant la voie à une nouvelle génération de services publics décentralisés. Alors que les grandes puissances débattent encore de la régulation des cryptomonnaies, le Bhoutan les intègre déjà dans son infrastructure nationale. Démontrant, ainsi, que l’avenir de la gouvernance numérique s’écrit peut-être depuis l’Himalaya.
Pensez-vous que l’identité numérique, sur une blockchain publique, pourrait être implantée dans un pays comme la France, la Belgique ou encore les États-Unis ?