Andreessen Horowitz (a16z) a publié la quatrième édition de son rapport annuel State of Crypto. Ce document de référence confirme que l’industrie crypto vient d’entrer dans sa phase de maturité, après des années d’expérimentation et de volatilité.
Daren Matsuoka, auteur principal du rapport et responsable de la stratégie data chez a16z crypto, résume cette évolution en affirmant que 2025 est “l’année où le monde est passé on-chain”.
Les stablecoins deviennent une force mondiale
Le phénomène le plus marquant documenté par le rapport concerne l’explosion des stablecoins. Ces tokens adossés au dollar ont traité 46 trillions de dollars de transactions sur les douze derniers mois. Un volume qui dépasse largement celui de Visa et représente près de 27 fois celui de PayPal.
Même après ajustement pour éliminer les doublons liés aux paires de trading, le volume atteint encore 9 trillions de dollars. Avec un pic mensuel de 1,25 trillion en septembre 2025.
L’offre totale en stablecoins a dépassé 300 milliards de dollars. Ces émetteurs détiennent collectivement 150 milliards de dollars en bons du Trésor américain, ce qui les place parmi les plus gros détenteurs mondiaux. Se plaçant devant des pays comme l’Allemagne ou la Corée du Sud. Les stablecoins représentent désormais plus de 1 % de l’ensemble des dollars en circulation.
Cette croissance fulgurante s’explique par un cadre réglementaire enfin favorable. L’adoption du GENIUS Act aux États-Unis a imposé des exigences de transparence et de réserves qui ont rassuré les acteurs institutionnels. Des géants comme Stripe ont acquis Bridge pour 1,1 milliard de dollars, BlackRock a étendu ses fonds monétaires tokenisés, et Fidelity teste son propre stablecoin adossé au dollar.
Enfin, Circle, l’émetteur d’USDC, a dépassé les 50 milliards de capitalisation après son IPO.
L’adoption institutionnelle franchit un cap irréversible
L’entrée massive des institutions financières traditionnelles marque un tournant historique pour le secteur. Les ETF Bitcoin et Ethereum détiennent désormais plus de 175 milliards de dollars d’actifs on-chain, soit une augmentation de 169 % en un an.
Des mastodontes comme JPMorgan, PayPal, Mastercard, Visa et Morgan Stanley ont tous déployé ou annoncé des produits crypto au cours des douze derniers mois. Morgan Stanley prévoit notamment d’ajouter le trading crypto sur sa plateforme E*TRADE en 2025. Cette institutionnalisation se reflète également dans les infrastructures. Les blockchains traitent collectivement 3 400 transactions par seconde, soit une amélioration de plus de 100 fois par rapport à il y a cinq ans.
Ethereum a migré la majorité de son activité économique vers ses Layer 2 (Arbitrum, Base et Optimism), réduisant les frais moyens de transaction de 24 dollars en 2021 à moins d’un centime aujourd’hui. Solana, de son côté, affiche une croissance de 78 % de l’intérêt des développeurs sur deux ans et rivalise désormais avec Ethereum en termes d’activité économique réelle.
Les échanges décentralisés (DEX) captent désormais 20 % du volume de trading spot total, témoignant d’une migration progressive vers l’auto-garde et l’accès direct au marché.
La tokenisation des actifs réels et la convergence avec l’IA
La tokenisation des actifs du monde réel représente une autre révolution silencieuse documentée par a16z. Le marché a dépassé 30 milliards de dollars ce trimestre, dominé par le crédit privé (61 %, soit 17 milliards). Les bons du Trésor américain, les actions et même l’immobilier sont progressivement représentés on-chain, répondant à un besoin croissant de transparence et d’efficacité dans la gestion d’actifs traditionnels.
Parallèlement, la convergence entre crypto et intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives. Worldcoin compte désormais plus de 17 millions d’utilisateurs vérifiés, offrant des solutions de preuve d’humanité pour distinguer les bots des vraies personnes.
Des protocoles comme x402 créent une infrastructure financière permettant aux agents IA d’effectuer des micro-transactions, d’accéder à des APIs et de régler des paiements sans intermédiaires. Gartner prédit que ces avancées pourraient alimenter une économie d’agents autonomes de 30 trillions de dollars d’ici 2030.
Le rapport note également le retour en force des préoccupations liées à la confidentialité : les recherches Google pour crypto privacy ont explosé en 2025, la réserve protégée de Zcash a atteint près de 4 millions de ZEC, et les flux mensuels de Railgun ont dépassé 200 millions de dollars.
Les nouveaux cas d’usage qui façonnent l’avenir du secteur
Au-delà des infrastructures et de l’adoption institutionnelle, le rapport identifie plusieurs cas d’usage émergents qui connaissent une traction significative.
Les contrats à terme perpétuels ont vu leur volume multiplié par cinq en 2025, atteignant des niveaux records. Les marchés de prédiction comme Polymarket et Kalshi ont également quintuplé leurs volumes. Malgré l’idée répandue qu’ils se limitaient aux paris électoraux. Ces plateformes permettent désormais de coter n’importe quel événement incertain. Des compétitions sportives aux indicateurs économiques, en passant par les marchés pré-lancement de tokens.
Le rapport souligne toutefois des défis persistants : plus de 13 millions de memecoins ont été créés en 2025. Symptôme d’un vide réglementaire que le Congrès américain doit combler via des lois comme le Digital Asset Market Clarity Act.
Sur le plan de l’emploi, le secteur crypto a perdu environ 1 000 travailleurs vers l’IA depuis le lancement de ChatGPT fin 2022. Mais a regagné le même nombre depuis la finance traditionnelle et la fintech. Il s’agit d’un signe d’un effacement progressif des frontières entre systèmes financiers centralisés et décentralisés.
En bref
L’analyse exhaustive proposée par a16z dans son rapport State of Crypto 2025 démontre que l’industrie a définitivement quitté son adolescence tumultueuse.
Les fondamentaux économiques se renforcent : 33 milliards de dollars de revenus utilisateurs, 18 milliards générés pour les projets, et 4 milliards redistribués directement aux détenteurs de tokens. La clarté réglementaire américaine, combinée à des infrastructures technologiques matures, crée les conditions d’une adoption grand public durable.
Cependant, comme le souligne le rapport, la prochaine vague de croissance ne récompensera plus la spéculation, mais l’utilité réelle.
Les projets qui survivront et prospéreront seront ceux capables de résoudre des problèmes concrets avec des applications accessibles au plus grand nombre.







