Un saut technologique au cœur du problème
Le Quantum Computing exploite les principes de la mécanique quantique pour traiter l’information d’une manière radicalement différente des ordinateurs classiques. Au lieu de bits, elle utilise des qubits qui peuvent exister simultanément dans plusieurs états.
Cette capacité offre, en théorie, une puissance de calcul exponentielle pour certaines tâches, notamment la factorisation de grands nombres et la résolution d’algorithmes cryptographiques, comme l’algorithme de Shor développé en 1994.
Les fondations de Bitcoin et leur vulnérabilité

Bitcoin utilise deux mécanismes clés : l’algorithme SHA‑256 pour sécuriser sa preuve de travail (POW) et le schéma de signature elliptique ECDSA pour valider les transactions. Aujourd’hui, casser ces systèmes exigerait une force brute inatteignable pour un ordinateur classique. Toutefois, l’algorithme de Shor permettrait à un ordinateur quantique de dériver une clé privée à partir d’une clé publique, compromettant ainsi l’authenticité des transactions et ouvrant la porte à des vols massifs de bitcoins.
Actuellement, les prototypes quantiques peinent à stabiliser quelques centaines de qubits physiques, alors que des milliers de qubits logiques seraient nécessaires pour menacer Bitcoin en un temps utile. Des estimations prudentes situent le seuil critique autour de 2029–2035, si les progrès continuent au rythme actuel chez Google, IBM et autres acteurs du secteur.
Stratégies de défense : vers le post‑quantum
Pour anticiper ce risque, la communauté blockchain étudie des solutions de cryptographie post‑quantum. Algorand a déjà implémenté des signatures basées sur Dilithium, un algorithme validé par le NIST en 2024, tandis que des projets comme QRL (Quantum Resistant Ledger) intègrent nativement une défense contre les attaques quantiques.
Du côté de Bitcoin, la mise en place d’un hard fork pourrait permettre de migrer vers un schéma post‑quantum, à condition de coordonner l’ensemble du réseau avant que la menace ne devienne critique.
Le danger principal réside dans la possibilité pour un acteur mal intentionné de collecter et stocker aujourd’hui des transactions chiffrées, pour ensuite les déchiffrer lorsque l’ordinateur quantique aura la puissance nécessaire. Ce scénario, appelé « harvest now, decrypt later », souligne l’urgence de migrer les adresses actives vers des mesures de protection post‑quantum avant que l’informatique quantique ne franchisse le seuil critique.
Préparer l’avenir dès aujourd’hui

Le Quantum Computing constitue une double révolution : prometteuse pour la recherche scientifique, mais potentiellement destructrice pour la cryptographie actuelle.
Pour Bitcoin, le défi est clair : développer et déployer des protocoles résistants à la quantique avant 2035. Cette transition nécessitera un consensus majeur au sein de la communauté et une coordination technique rigoureuse pour préserver la confiance et la sécurité du réseau.