Si l’enthousiasme autour des NFT musicaux en 2021 semblait promettre une révolution, le marché s’est rapidement essoufflé. Les collections se sont multipliées sans offrir de véritables modèles durables.
Pourtant, au-delà de la hype, s’esquisse un nouveau visage de la musique tokenisée : des plateformes créent aujourd’hui des systèmes viables basés sur la rémunération directe, la fidélisation des fans et la transparence des droits.
Une hype passagère ?

Entre 2021 et 2022, les NFT musicaux ont d’abord été portés par un engouement autour de la rareté digitale. Des artistes vendaient des morceaux inédits ou des accès VIP sous forme de NFT, parfois à plusieurs milliers de dollars. Mais très vite, le marché s’est essoufflé. Les projets se sont multipliés sans offrir de valeur réelle ni de lien solide avec les fans.
Beaucoup ont été perçus comme opportunistes.
L'émergence de modèles durables

Aujourd’hui, certains protocoles comme Sound.xyz, Catalog ou encore Audius proposent des plateformes orientées vers la monétisation directe de la musique, sans passer par les intermédiaires traditionnels. Le concept ? Permettre aux artistes de vendre directement des éditions limitées de leurs titres ou albums, tout en gardant un lien avec leur communauté.
Contrairement au streaming classique, ces modèles favorisent la détention : les fans ne consomment plus seulement la musique, ils la collectionnent.
Cette relation redonne une valeur à la musique numérique, tout en créant un levier de financement initial pour les artistes.
Un lien renforcé avec les fans

Les NFT musicaux offrent aussi un nouveau mode de relation entre les artistes et leur audience. Ils permettent d’imaginer des accès exclusifs, des concerts privés, des drops réservés, ou encore un droit de regard sur certains choix artistiques. Certaines plateformes envisagent même des DAOs de fans, détenant des droits sur les décisions stratégiques autour de l’artiste.
Des plateformes comme Royal.io vont encore plus loin en permettant aux fans de percevoir des royalties. Cette interaction nouvelle pourrait transformer les relations classiques entre artistes et communauté.
Cette communauté tokenisée, si elle reste de niche, ouvre des perspectives nouvelles en termes de monétisation, de gouvernance participative et de fidélisation.
Obstacles à surmonter
Malgré toutes ces avancées, la musique NFT doit encore faire face à plusieurs défis.
Il existe une certaine complexité technique (mint, wallets, gas fees) qui reste un frein sérieux.
Les enjeux juridiques sont encore à travailler, notamment sur les droits d’auteur, licences ou encore la distribution des royalties.
Un point très important qui passe souvent à la trappe : la centralisation des métadonnées. Une partie du contenu reste vulnérable à la censure ou aux pannes.
Vers un Web3 de la musique ?

La musique Web3 n’en est encore qu’à ses débuts. Si l’on observe une baisse d’attention médiatique, le travail de fond continue. Des collectifs d’artistes explorent ces nouveaux modèles en autogestion, tandis que les majors commencent à s’intéresser à la technologie blockchain pour tracer les droits et les royalties.
La tokenisation n’a pas encore trouvé sa killer app dans la musique, mais les fondations sont là. À long terme, c’est peut-être un modèle hybride qui émergera, combinant la portée du streaming avec la puissance communautaire du Web3.