Les remittances alimentent des économies entières. Chaque année, des centaines de milliards de dollars transitent des diasporas vers leurs pays d’origine. Traditionnellement, ces flux passent par des services comme Western Union. Depuis quelques années, les cryptomonnaies et les stablecoins promettent une alternative moins coûteuse et plus rapide. Mais qu’en est-il dans les faits ?
Pourquoi les remittances comptent
Les transferts d’argent servent à payer la nourriture, la santé et l’éducation. Ainsi, chaque euro économisé améliore le pouvoir d’achat d’une famille. De plus, la rapidité importe lors d’une urgence. Par conséquent, réduire les frais et accélérer les paiements constituent des enjeux majeurs pour les pays émergents.
Western Union propose une couverture mondiale et des points de retrait physiques. En pratique, cela facilite l’accès dans de nombreuses zones rurales. Cependant, ses frais restent significatifs. Pour un envoi typique de 200 USD, le coût moyen tourne autour de 6 à 7 %. Ce pourcentage pèse fortement quand les montants sont faibles. Enfin, les délais varient selon les corridors, bien que la réception puisse parfois être immédiate.
Ce que promet la crypto : rapidité et frais réduits

Les solutions crypto s’appuient souvent sur des stablecoins (par exemple USDC) pour limiter la volatilité. Concrètement, le schéma se déroule en quatre étapes : achat en fiat, conversion en stablecoin, transfert on-chain, cash-out local. Ce chemin permet d’obtenir des règlements en quelques minutes. De plus, les frais on-chain et les spreads peuvent être beaucoup plus faibles que les commissions traditionnelles. Pourtant, ces économies ne sont pas automatiques : elles dépendent fortement de la route choisie et de la liquidité locale.
Plusieurs corridors donnent déjà des résultats probants. Par exemple, les flux entre les États-Unis et le Mexique montrent des gains réels. Des acteurs comme Bitso ou des partenariats entre exchanges et prestataires locaux facilitent le cash-in et le cash-out. Par ailleurs, des expérimentations avec Stellar, Ripple ou des solutions ODL (On-Demand Liquidity) réduisent le besoin de comptes préfinancés. Ainsi, lorsque l’infrastructure locale existe, la crypto peut offrir des économies substantielles.
Les coûts cachés à prendre en compte
Sur le papier, la crypto semble moins chère. En réalité, il faut additionner plusieurs frais : ceux d’achat du stablecoin, les frais on-chain, les spreads lors du cash-out et parfois des commissions de service. De plus, la profondeur des carnets d’ordres locaux peut augmenter le prix final. En conséquence, certains corridors peu liquides voient leur avantage s’éroder. Enfin, la volatilité et le risque lié à l’émetteur du stablecoin restent des facteurs à surveiller.
Obstacles à l’adoption massive
Plusieurs freins limitent l’adoption de la crypto pour les remittances. D’abord, l’on-ramp/off-ramp doit être simple et peu coûteux. Ensuite, la réglementation locale peut restreindre les rails non bancaires. De plus, la confiance des utilisateurs fait défaut : beaucoup ne connaissent pas les wallets ou craignent les arnaques. Par ailleurs, l’assistance locale et les partenaires pour cash-out sont essentiels. Sans eux, la technologie ne suffit pas.
Vers quel horizon évolue le marché ?
L’avenir passera probablement par des solutions hybrides. Les grands acteurs testent des modèles qui combinent la sécurité des rails traditionnels et la vitesse de la blockchain. En parallèle, une régulation claire faciliterait l’essor des offres crypto. Enfin, l’amélioration des on-ramps, l’éducation des utilisateurs et des partenariats locaux solides seront déterminants pour transformer les gains potentiels en bénéfices réels et partagés.
Conclusion : opportunité réelle, mais adoption sélective
La crypto réduit effectivement les coûts et accélère les envois, mais seulement dans des conditions favorables. Là où l’infrastructure locale existe, l’économie est tangible. En revanche, pour les corridors moins développés, Western Union et ses pairs conservent des avantages. La vraie question n’est plus uniquement qui paie le moins ? : elle devient comment construire des rails fiables, réglementés et accessibles qui bénéficient à tous ?
La réponse n’appartient pas qu’aux entreprises crypto. Elle suppose une collaboration entre fintechs, banques, autorités et communautés locales. Si ce travail collectif se met en place, alors l’économie des remittances pourrait changer durablement.
Sources :